Norah, de Gilles Deschamps

 

Paul est amoureux d’une fille depuis la CM2. Jamais il n’ose lui adresser la parole (enfin presque), jamais il ne lui avoue ses sentiments ! Probablement parce qu’on surnomme Bouboule à l’école. Il prévoit de la séduire en se transformant en écrivain au corps athlétique. Mais une fois adulte, il range ses rêves et devient banquier.

Des années plus tard, il a rendez-vous avec une cliente. Il réalise qu’il s’agit de la fameuse fille en la voyant sur l’écran de contrôle. Sur l’agenda, elle est inscrite sous son nom de femme mariée. Refusant de se présenter à elle sans avoir atteint son but, il refile la dame à son collègue et décide de tout quitter pour réaliser ses projets.

J’apprécie :

+ son écriture efficace : en 40 pages, Paul passe de banquier à auteur à succès avec, entre deux, une belle aventure qui nous en met plein les mirettes (non, je n’ai rien spoilé. Il se passe tellement de choses)

+ Des scènes merveilleuses dans les montagnes savoyardes, au Québec, au milieu d’un ouragan ou pendant une course de rallye automobile.


 

Ce qui pourrait être amélioré (à mon avis) :

- Je trouve dommage que Gilles Deschamps écrive Norah au passé et à la forme « il », alors que son personnage rédige un roman avec le ton que j’aurais préféré qu’il emploie pour toute l’histoire. Je comprends bien l’idée de séparer le manuscrit du personnage et du livre que l’on tient dans la main. Faire le contraire aurait été une option

- J’ai vraiment apprécié cette lecture, hormis les rencontres perpétuellement manquées entre les deux protagonistes ont un peu gâché mon plaisir. L’idée d’une romance en chassé-croisé est probablement bonne, mais en telle quantité, le gag de répétition ne me fait plus rire. J’ai au moins éteint 5 fois ma liseuse, agacée par un nouveau revers de notre non-héro. Je me suis d’ailleurs demandée plusieurs fois s’ils n’étaient pas tous les deux atteints de prosopagnosie **

+ Mais j’ai chaque fois repris rapidement ma lecture, car Paul est un mec très attachant. Il organise des rencards époustouflants, à renverser les femmes les moins adeptes du romantisme. On sent Gilles Deschamps très investi dans son personnage principal. Il avoue même, après la fin, que Paul est une version améliorée de lui-même.

 

** Prosopagnosie : Si vous ne connaissez pas ce mot, c’est normal : je l’ai découvert il y a environ 2 ans. Il s’agit d’un trouble de la reconnaissance des visages.

Je ne reconnais pas les gens à leur figure. Je me fie à leur timbre de voix, leur attitude, leurs vêtements, etc. Je mémorise ces indicateurs pour chaque personne.

Exemple : Marie = cheveux blonds au carré au niveau des épaules, lunettes vertes, yeux bleus, collier avec un cœur en or. Si elle s’attache les cheveux, change de lunettes ou de collier, je ne sais plus qui elle est, même si c’est ma collègue depuis six mois.

C’est aussi valable pour mon mari et mes enfants : combien de fois ai-je demandé aux éducatrices où était mon enfant ? Chaque fois qu’il y avait eu un accident pipi. Minimoi ne portant plus le t-shirt blanc et le pantalon bleu que je lui avais enfilés le matin-même, j’étais perdue. À cet âge, toutes les têtes blondes se ressemblent. En tout cas pour moi ! Et pour de nombreux autres, car je ne suis pas la seule « perturbée des visages » : Thierry Lhermitte et Brad Pitt sont les membres les plus célèbres de cette équipe.


 

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