Raymond Devos fêterait aujourd'hui ses 98 ans

Scoop du jour : Nous sommes le 9 novembre 2020. 

 


Il y a 98 ans naissait un maître de la langue française, le roi des jeux de mots : Raymond Devos. 

 


Mon papa me l'avait fait découvrir, lors de nos vacances en Belgique. J'avais 15 ans. Je regardais L'avare avec Louis De Funès avec passion. Mon papa saturait des phrases alambiquées de Molière et a fini par zapper. Il est tombé sur le sketch du Savoir choir. Déjà amoureuse des mots, j'ai accroché. 


 

Il est décédé le jour de mon 27e anniversaire.😢


Pour marquer le 98ème anniversaire de sa naissance, je vous propose le texte de La dernière heure.
Parce qu'à l'âge que j'ai actuellement, les blagues sur les belles-mères me font rire.
Vous trouverez un lien pour l'écouter en bas de l'article.

 

La dernière heure

Figurez-vous qu'il y a quelques jours, on sonne à la porte de la maison. C'était ma belle-mère... 

Elle me dit :
- Je sens que ma dernière heure est arrivée, je voudrais la passer chez vous.

Moi, je me dis "Une heure, c'est vite passé..."
Je lui dis :
- Entrez, belle-maman.

Pauvre belle-maman. Je dois dire que j'aurais passé une partie de ma vie à la semer. Je l'ai semée partout. Je l'ai semée sur un quai de gare, dans la foule... Je l'ai même semée dans un champ, sans jeu de mots ! Alors, en l'accueillant, je ne faisais que récolter ce que j'avais semé.

Bref, je lui dis :
- Entrez, belle-maman, installez-vous !

Une heure se passe. Rien ! Je lui dis :
- Belle-maman, l'heure tourne.

 Elle me dit :
- Vous êtes pressé ?

Je lui dis :
- Moi, non ! Mais vous... Vous allez vous mettre en retard !
- Oh, elle me dit, je ne suis pas à une seconde près !  

Elle chausse ses lunettes et elle se met à lire les nouvelles de dernière heure. Alors là, je lui dis :
- Belle-maman, ce n'est pas très honnête, ce que vous faites ! Quand on a convenu d'une heure, on s'y tient !  

C'est vrai ! D'autant que je croyais que sa dernière heure, elle ferait soixante minutes, une durée normale, quoi ! Tandis que là, elle n'en finissait plus, sa dernière heure ! 

D'autant qu'elle me dit :
-Qu'est-ce qu'on joue ce soir à la télé ?

Je lui dis :
- Les cinq dernières minutes, belle-maman !

Elle me dit :
- Oh, c'est plus qu'il ne m'en faut ! 

Et elle s'installe devant le poste. Quand elle a vu que c'était l'histoire d'un monsieur qui essayait de semer sa belle-mère, elle me dit :
- J'ai déjà vu le film. D'ailleurs, il est temps de passer de l'autre coté !

Je lui dis :
- Voila une sage résolution, belle-maman ! Faites ! Passez donc ! 

Et elle est passée dans la chambre d'à-côté. Depuis, on en est là... On ne sait plus sur quel pied danser. De temps en temps, on allume des bougies pour créer l'atmosphère, pour inciter au recueillement.

Dans ces moments-là, vous vous surprenez à marmonner des phrases ambiguës :
- Tiens ? Il y en a une qui ne va pas tarder à s'éteindre. Forcement, cela fait plus d'une heure qu'elle se consume.

Alors, les heures passent. Onze heures :
- Vous prendrez bien un bouillon, belle-maman ? Non ? 

Une heure plus tard :
- Et un bain de minuit, bien glac... Non ?
- Non, mais je fumerais bien une cigarette, la dernière !
- Va chercher le paquet !

Et tout le paquet y est passé. De plus, elle ironise :
- Oh, je ne sais même plus où mettre mes cendres.

Forcément, le cendrier est plein ! Je n'ose pas le vider. On va encore dire que j'essaie de semer ma belle-mère !

 

La dernière heure, de et par Raymond Devos

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