Infernale Angélique au masculin... un défi de genre

L'autre jour, je débattais avec un ami qui trouve que mon Infernale Angélique est "pleine d'arc-en-ciel et de paillettes violettes".
Moi qui pensais que mon premier roman était plutôt gris et non-genré.
En discutant avec lui, l'idée est venue de réécrire cette histoire, en changeant mon personnage principale. Il ne s'agirait plus d'une tranche de vie de Mélanie, serveuse de 22 ans, mais de Angelo...
Naïvement, je pensais que cela ne changerait pas grand chose, mais dès la première scène, j'ai réalisé que l'intrigue ne serait pas la même dans la peau d'un mec.
Voici ce que j'ai écrit :
Dans l’obscurité, l’écran du téléphone éclaira comme un
soleil le visage du jeune homme endormi. Sans ouvrir un œil, il repoussa la
gêne lumineuse plus loin, dans les plis de la couette. Il était couché en
travers du lit, à moitié nu. Il avait jeté le haut dans le vestibule, détacher
sa ceinture et le bouton de son pantalon en entrant dans sa chambre et s’était
laissé tomber de sommeil quelques heures auparavant.
Ce coup de fil silencieux avait réveillé les fonctions
physiologiques d’Angelo. En grognant, il se redressa et traîna les pieds en
direction de la salle de bains. A peine entrebâilla-t-il la porte qu’il fut
ébloui par la clarté de la salle d’eau. Il faisait jour dehors, ce qui
n’enchantait guère le créateur de la cascade qui tombait avec fracas dans la
cuvette de porcelaine blanche.
Après avoir rangé son matos, il se passa un peu d’eau sur la
figure. Une fente apparut entre ses paupières. Il retourna dans la chambre et plongea
dans ses draps. Ses doigts rencontrèrent la cause de son réveil plus prématuré
qu’il ne l’avait espéré. Son téléphone affichait : appel manqué de Maman.
Il soupira avant d’appuyer sur la touche rappel. Sa voix nasillarde se fit
entendre avant la deuxième sonnerie :
- Angelo ? Tout va bien ? Où es-tu ?
- Je suis au lit. Comme tous les dimanches. Pourquoi tu
t’inquiètes ?
- Parce que tu avais promis de manger avec nous ce midi et
de nous connecter la nouvelle tablette.
- Si je l’ai dit, je le ferai, non ?
- Mais il est déjà 13 heures !
Il vérifia l’information en zyeutant l’écran. 13h04 pour
être précis.
- Ok, je suis en retard. Excuse-moi. Je prends une douche
fissa et je vous rejoins.
Lorsqu’il arriva chez ses parents, ceux-ci avaient terminé
de manger depuis longtemps, mais sa mère réchauffait son fameux rôti à son
attention. Quand elle déposa une assiette fumante devant son fils, celui-ci
huma avec délice le fumet qui s’en échappait.
- Bon appétit, régale-toi mon petit. Tu dois être affamé.
- Merci maman, mais pour être tout à fait franc, je n’ai pas
vraiment faim.
- Ah bon, tu es malade ? Tu ne te sens pas bien ?
Tu veux que j’appelle un docteur ?
- Non, maman. Je me suis couché après le petit-déjeuner.
J’ai mangé deux croissants avec de la confiture il y a moins de quatre heures.
Elle baissa la tête et se tut. Angelo profita pour goûter au
délicieux gratin dauphinois qui trônait devant lui. De l’autre côté de la
table, son père lisait le journal.
- Henry ! Tu n’as pas dit un mot à notre enfant.
- Ce n’est plus un enfant, marmonna-t-il sans baisser les
pages des sports derrière lesquelles il se cachait.
- Bonjour P’pa.
- Salut fils.
Le jeune homme était satisfait. C’est tout ce qu’il
attendait de sa relation avec son paternel. Sa mère ne l’entendait pas de cette
oreille. Elle houspilla son mari :
- Tu pourrais lui parler, au moins !
- Je n’ai rien à lui dire, moi.
- Mais tu as entendu qu’il a fait une nuit blanche ?
- Et alors ? Il est adulte, il se gère, non ?
- Mais il ne nous présente jamais personne.
- Il le fera quand il jugera que la fille est suffisamment
importante pour nous en parler.
Huguette soupira et reprit sa pause, tête baissée, triturant
les ongles de ses doigts.
- Qu’est-ce qui te chiffonne maman ? Je suis là, je
vais m’occuper de ta tablette. Pourquoi ne pas te détendre et profiter de cette
journée.
Elle se racla la gorge, hésitante.
- Vas-y maman. Dis-moi ce qui te tracasse, insista doucement
le fils.
Elle bégaya :
- Je… Je me demandais si tu n’étais pas homosexuel.
Angelo faillit s’étrangler :
- Non !
- Alors pourquoi ne nous la présentes-tu pas ?
Huguette avait repris toute sa vigueur et elle ne lâcherait
pas le morceau. Angelo avait intérêt à trouver une parade s’il ne voulait pas
devoir exposer sa vie privée à ses parents. Avec autant de force que sa mère,
il répliqua :
- Tu crois que cela me fait plaisir de vous la cacher ?
Tu ne crois pas que je préférerais passer plus de temps avec elle à mes
côtés ? Si je ne le fais pas, c’est parce qu’il y a une raison.
- Et laquelle ? demanda sa mère.
- Je ne peux pas te le dire. Je suis désolée.
Elle suggéra, la voix tremblante :
- Parce qu’elle est mariée ?
- Non !
- Alors dis-nous ! On peut tout entendre. Une Noire,
une vieille, une mère célibataire ? Quoi ? Cette incertitude me
ronge. Je ne supporte plus…
Elle enfouit son visage dans son tablier et laissa échapper
un sanglot.
Angelo se rapprocha d’elle et passa son bras autour des
épaules de sa maman.
- Rien de tout cela, ne t’inquiète pas. C’est juste que…
Il réfléchit.
- C’est juste qu’elle a une position hiérarchique plus
élevée que moi et que ni l’un, ni l’autre, nous ne voulons perdre notre poste…
Huguette se redressa, illuminée :
- Tu fréquentes Amandine ? C’est merveilleux.
Angelo posa son index sur ses lèvres.
- C’est un secret, tu as bien compris ? Tu ne dois en
parler à personne. Pas même à Amandine. C’est clair ?
- Très clair. Je te le promets.
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