Rencontre au rez-de-chaussée
Voilà une version non-retenue pour la première rencontre entre une concierge et un futur locataire pas comme les autres. Cette rencontre fait partie d'un projet pour lequel je prête ma plume...
A
17h29, je vois arriver un grand homme, élégant, le sourire aux lèvres. Il
enlève son chapeau, esquisse une petite courbette avant de se présenter :
-
Bonjour Madame, je m’appelle Emmanuel Spinoza.
Je
reste distante, mais à l’intérieur je souris : cela me change des jeunes
qui débarquent sans formule de politesse et qui me balancent :
-
J’te donne deux balles et tu dis à la gérance de me choisir !
Je
fais signe au gentleman de me suivre :
-
Les boîtes aux lettres sont ici et à droite, l’ascenseur. Si vous préférez les
escaliers, c’est de ce côté-là.
Il
appuie sur le bouton et la porte métallique s’ouvre immédiatement. Galant il me
laisse pénétrer dans l’ascenseur avant lui et se charge de sélectionner
l’étage. La cage s’ébranle vers le haut. Poliment il garde le silence, mais son
sourire n’a pas quitté son visage.
Arrivé
au quatrième, l’homme s’efface et j’ouvre la marche dans le couloir. Je sors un
trousseau de clés et je m’arrête devant l’appartement 42. Je déverrouille la porte
et j’entre. Il me suit et me remercie.
L’appartement n’est pas grand et ne
nécessite pas que je me perde en explication. Je me précipite donc sur la
manivelle du store, afin qu’il aperçoive la luminosité de ce logement, ainsi
que le point de vue entre deux immeubles.
Il
erre dans ce trente-cinq mètres carré : la chambre et les sanitaires d’un
côté, le salon et la cuisine de l’autre. Le tour est vite fait. Il inspecte les
placards, puis il revient vers moi.
-
L’appartement me convient. Quelle procédure dois-je suivre ?
-
Il faut déposer votre dossier à la gérance.
-
Très bien, je le ferai demain sans faute. Je vous remercie infiniment.
Après
que j’aie refermé la porte à clé derrière nous, nous redescendons en ascenseur.
Pendant ce cours trajet, il se lance :
-
J’aimerai beaucoup vous inviter à boire un verre.
-
Sachez que je n’ai aucun pouvoir sur le choix du locataire. C’est donc inutile
d’essayer de m’acheter.
-
Oh, excusez-moi Madame, ce n’était pas du tout mon intention. Je vous trouvais
charmante et j’aurais volontiers discuter avec vous, ailleurs que sur votre
lieu de travail.
-
Je ne bois pas d’alcool, mais je ne dis jamais non à un café.
-
Parfait, puis-je vous demander où l’on sert de bons cafés dans le
quartier ?
Je
l’entraîne Chez Domi et on prend place sur sa terrasse baignée par la lumière
du soleil couchant. On discute amicalement, puis chacun repart de son côté, après
que Monsieur Spinoza m’ait fait un baise-main et me remercie de multiples fois
pour le temps que je lui ai accordé.
Je
rentre chez moi de bonne humeur. Même si cela ne débouche sur rien, se sentir
jolie dans les yeux d’un homme est très agréable.
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