Boris Cyrulnik et la résilience

Boris Cyrulnik entre dans la catégorie des auteurs que j'apprécie, en particulier pour son thème principal : la résilience. Riche en référence, riche en contenu, ces livres devraient être lu avec un surligneur, un bloc de papier et un stylo à la main... 

Ce que je n'ai pas pris à la plage, cet été, pour découvrir son dernier ouvrage La nuit, j'écrirai des soleils.

 
Cependant, j'en retiens :
  • Le rôle des mots dans nos vies, dans nos parcours, 
  • L'importance de la perspective avec laquelle on lit les événements 
  • Des anecdotes surprenantes sur des personnages connus (dont Hitler, Depardieu ou Baudelaire).

Alors que la fiction, en nous décentrant en nous-mêmes, nous invite à visiter d'autres mondes mentaux, à agencer différemment des segments de réel, à calculer d'autres hypothèses. Le travail de la fiction est une sorte de manipulation expérimentale du réel.
Tout récit est donc une bienfaisante trahison du réel, car le réel est fou. Si nous pouvions tout percevoir, nous serions confus, bombardés d'informations insensées, impossibles à associer. Dans un réel chaotique nous ne pourrions adopter aucune conduite cohérente. Incapables de nous adapter, nous serions éliminés. C'est pourquoi nous faisons le ménage, nous agençons des morceaux de réel pour en faire une fiction qui plante dans notre monde intime une image cohérente et oriente notre chemin de vie

Le hasard a voulu que je lise ce texte en même temps que le roman d'Eric-Emmanuel Schmitt La part de l'autre, qui retrace la vie de Hitler et ce qu'elle aurait pu être s'il avait été accepté à l'école des beaux-arts de Vienne. Ce qui m'a probablement prédisposée à choisir ce second extrait :

On a longtemps négligé l'étude des extinctions de masse parce qu'elles étaient pleines de mystères ; aujourd'hui on admet qu'elles constituent "une des grandes forces créatrices".
L'évolution par la catastrophe semble pertinente aussi dans la condition humaine. L'exemple le plus illustratif de ce phénomène nous est donné par la "mort noire", la peste bubonique de 1348. En quelques années, près d'un Européen sur deux meurt. On ne peut plus cultiver, il n'y a plus assez de main-d’œuvre. La friche et la forêt reprennent possession des territoires. La vignes et les cultures céréalières disparaissent des paysages. Le travail des survivants devient si coûteux que la notion de servage disparaît.
Les villes se dépeuplent (...) Les maisons se vident et deviennent si bon marché que l'exode rural est facilité. En deux ans, la population française passe de 17 à 10 millions d'habitants. Ce bouleversement démographique et géographique provoque en quelques années une autre manière de penser la vie en société.




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