Jour 8 : lettre H, comme Helen Keller
Pour la
lettre H, je suis très émue de vous parler d’un livre que j'ai lu il y a une
trentaine d’années :
L’histoire
d’Helen Keller
Cette
biographie m’a bouleversée.
Cette
enfant aveugle, sourde et muette voit sa vie métamorphosée par l’arrivée de Ann
Sullivan. Cette maîtresse lui donnera les outils pour communiquer avec les
autres. Avec une détermination incroyable, Helen passera par-dessous tous les
obstacles : elle apprendra à lire, à parler, obtiendra un diplôme
universitaire, s’engagera politiquement, deviendra une écrivaine et une conférencière
reconnue.
J’admire
cette femme, née 99 ans avant moi.
Elle ne s’est
pas laissée arrêter par les handicaps. Elle n’a pas baissé les bras, elle n’a
pas cédé face aux doutes et aux « c’est impossible »
Pour
conclure, je ne peux pas m’empêcher de vous copier un extrait (mon préféré),
celui de l’heure H :
Soudain, rien ne l’amusait plus ; le jeu des mots, les
doigts qui bougent, tout cela l’agaçait énormément.
- Je connais tout cela, se disait-elle, pourquoi est-ce qu’on
joue toujours à la même chose ?
Toute la matinée, l’Etrangère avait épelé deux mots dans la
main d’Helen : e-a-u et t-a-s-s-e. Elle épelait t-a-s-s-e, puis mettait
une tasse dans la main d’Helen. Ensuite elle versait de l’eau dans la tasse, y
trempait le doigt de l’enfant, et attendait, en espérant qu’Helen réagirait en
épelant e-a-u.
Helen, qui ne comprenait pas du tout ce que lui voulait Ann,
se contentait de reproduire fidèlement les gestes de l’Etrangère et écrivait
inlassablement avec ses doigts : « tasse ». Elle sentait très
bien que ce n’était pas du tout ce qu’Ann attendait d’elle.
- Mais qu’est-ce que tu veux donc ? se demandait-elle
anxieusement en son for intérieur… Tu vois bien que je ne comprends pas… si je
savais, je le ferais…
L’enfant commençait à s’énerver.
- Inutile de continuer aujourd’hui, se dit Ann, en voyant
Helen prête à casse la tasse. Reposons-nous un peu. Tiens…
(…)
Elle lui apporta son grand chapeau de paille. Helen bondit
sur ses pieds ; le chapeau, cela voulait dire le jardin, le soleil, la
promenade ; c’était excellent !
Ce qu’Helen ne savait pas, c’est que la leçon n’était pas
finie. L’Etrangère avait une idée : elle emporta la tasse et se dirigea
avec l’enfant vers le puits, au fond du jardin.
Helen aimait beaucoup le jardin. Elle aimait l’odeur du
chèvrefeuille et celle des roses grimpantes qui montaient le long de la maison.
Elle aimait toucher les feuilles épaisses et légèrement piquantes des bordures
de buis. Elle sentait sur ses bras, sur ses mains, la chaleur du soleil et elle
percevait très bien les vibrations de l’air bourdonnant d’abeilles, ou le
rapide passage des oiseaux-mouches qui volaient autour d’elle, nullement
effarouchés et ravissants.
Au bord du puits, le jardinier était précisément en train de
tirer de l’eau. Ann conduisit Helen auprès de lui, et remit une fois la fameuse
tasse dans les mains de l’enfant, puis elle fit couler un peu de l’eau du seau
dedans.
Le premier réflexe d’Helen, furieuse, fut de jeter la tasse.
Mais elle aimait la sensation de fraîcheur qui régnait au bord du puits, et
elle aimait le froid de l’eau. Elle s’amusait souvent à faire couler de l’eau
sur sa main. Ann prit alors cette main et y épela le mot : e-a-u,
lentement d’abord, puis de plus en plus vite.
Brusquement, Helen laissa tomber la tasse. Elle demeura
absolument immobile, rigide, respirant à peine. Elle SAVAIT. Elle avait compris,
elle avait enfin compris ! Une sorte de révélation confuse, puis très
claire, lui était venue soudain, une pensée nouvelle s’était mise à tourner
dans sa tête :
- E-a-u ! e-a-u ! Cette chose merveilleusement
fraîche, cette chose amie, c’était e-a-u ?
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