Inassouvies, nos vies, de Fatou Diome


Il m’a fallu près de 2 mois pour déguster les 270 pages d’Inassouvies, nos vies. Le style de Fatou Diome est extra : j’adore. Ce livre est très nourrissant. Impossible de le dévorer d’une traite. Les mots sont réfléchis, les images sont magnifiques…

J’ai commencé à le lire le 13 janvier. On ne parlait pas encore de confinement. Mais cette lecture, sans parler de pandémie, est totalement d’actualité.

Depuis ses fenêtre, Betty observe ses voisins. Une rencontre l’emmènera plus loin qu’elle ne l’aurait imaginé.

Ce livre questionne sur ce que signifie vivre, ponctué par les inassouvie, la vie… puisqu’elle a toujours besoin d’un horizon. Inassouvi le besoin de moduler la courbe de la vie qui n’en fait qu’à sa tête. Inassouvie la curiosité tardive, …

Inassouvies, nos vies de Fatou Diome


Ces dernières semaines, j’ai partagé plusieurs extraits de ce livre sur les réseaux sociaux. En voici deux : 

De l'Everest et du Kilimandjaro, on retient toujours le point culminant, nul ne songe à s'émerveiller du diamètre de leur base, ce socle qui les porte aux cieux. (...) Quelle est la profondeur des vallées d'où surgissent les montagnes ? Il y a trop de ravins pour ne pas se rendre compte que la nature vide autant qu'elle remplit.

Cette grippe d’hiver, à l’hiver de ma vie, ne me la soignez pas, elle ouvre un chemin où mon petit poucet d’amour a semé des roses pour moi. Cette année-là, alors que les pensionnaires se laissaient stoïquement piquer, Félicité refusa le vaccin contre la grippe. Les encouragements, les conseils, les réprimandes de Betty comme de l’aide-soignante ne servirent à rien. (…)

Les beaux jours, la ligne bleue des Vosges se dessinait, dentelée, fuyante. La capricieuse ondulation de cette ligne, c’était l’électrocardiogramme de tout ce qui vit, vibre, de tout ce qui brille et s’éteint. Ce pauvre cœur a été si vaillant, il battait, il bat encore ; un jour, repos, il ne battra plus. En attendant, il obéit à lui-même.

Félicité ne démissionnait pas de la vie, elle s’en était lassée. La lassitude est une petite sœur du courage. Pour qui et pourquoi vit-on, quand tous ceux qu’on a aimés sont morts ? Certains aînés marchent vers leur tombe comme on court vers les bras d’un amoureux. Inassouvi, notre besoin de garnir l’horizon des festins passés.

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