Jour 6 : Lettre F, comme Fratrie




En tant qu’enfant unique, j’ai bénéficié de toute l’attention de mes parents. La maison était calme et silencieuse pendant que je me reposais. Personne ne me réveillait par des cris inopportuns.

Quand j’ai commencé à ramper sur le sol, je ne croisais pas de petites pièces que j’aurais pu avaler. Tout était propre, désinfecté et rangé.

Je n’avais pas de cousin de mon âge, mes premiers copains de jeux furent mes voisins, puis mes camarades de classe. Noël et les vacances, je les passais seule, entourée d’adultes.

Chez moi, on ne me rabâchait : « ta sœur avait de meilleures notes en histoire à ton âge », mais mes parents étaient férus de la moyenne de classe et encore plus des résultats de la meilleure élève.


J’aimerais démentir que les enfants uniques n’ont que des habits neufs. Tous mes vêtements étaient de deuxième, troisième ou quatrième main (j’ai des photos qui le prouvent)


Chaque fois que je demandais quelque chose, j’étais la première sur la brèche. Personne pour ouvrir la voie :

  • aller au cinéma avec les copines, 
  • dormir chez une amie, 
  • m’inscrire à une activité sportive ou artistique, 

avaient déjà été un exercice de style. 

Alors je ne vous explique la gymnastique que j’ai dû faire pour : 

  • obtenir de l’argent de poche, 
  • faire mes propres choix, 
  • conduire une mobylette (pas obtenu), une voiture, 
  • mon chéri peut dormir à la maison ? (Jamais), 
  • fréquenter des amis qui ne leur convenaient pas, 
  • ne pas suivre la voie qu’ils espéraient, 
  • prendre mon appartement. 

(Je ne marque pas toutes les réponses, car je crains que ma descendance lise ce texte avec beaucoup d'attention)
Ensuite, je me suis vue reprocher de : 

  • ne pas leur rendre visite aussi souvent qu’ils le souhaitaient, 
  • ne plus être suffisamment disponible pour eux et 
  • ne plus répondre à tous les appels de papa.


Mais le jour où le frère (ou la sœur) que je n’ai jamais eu m’a le plus manqué, c’est quand mes parents sont partis.

Pas besoin de négocier pour choisir la musique de l’enterrement, ni de partager l’héritage. J’ai pu choisir les biens que je voulais conserver et le rythme auquel je voulais débarrasser leur appartement. 

Mais surtout plus personne pour partager ma peine, pour m’aider dans les démarches administratives et pour se souvenir de la chute qui m’a laissée une cicatrice sur la tête quand j’avais 4 ans.

Quand vous avez des frères et sœurs, vous ne les choisissez pas, mais vous les gardez toute la vie.

Oui, ils vous mettent les doigts dans les yeux, nous tirent les cheveux, vous piquent vos jouets, vous cassent vos affaires. Ils vous rejettent quand ils sont avec leurs amis, mais partagent leurs microbes sans restriction (ainsi que les anticorps).

Je sais que j’ai quelques ami(e)s enfants uniques. Certains ont fait le choix de créer une grande fratrie (comme moi).

Selon vous tous (que vous soyez uniques ou dupliqués), les frères et sœurs sont-ils un + ?
Ou alors le poids de la solitude est largement contrebalancé par la jalousie et les bagarres ?

Donnez-moi votre avis !

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