Jour 16 : lettre P, comme planètes



Il y a des jours où j’ai besoin de m’aérer.
Dans cette situation, ne devrais-je pas plutôt dire prendre le large ou prendre du recul ?

 
La semaine passée, je me suis offerte une pause sur Jupiter.
Oui, une pause !
Parce qu’entre le trajet et le temps qui ne passe pas au même rythme, je serais totalement incapable de vous dire combien de temps j’y suis restée.

Je le savais depuis longtemps, mais encore une fois j’ai constaté que nous avons tous des préjugés sur les autres.
Tenez, moi par exemple, j’imaginais que les habitants de cette planète ressemblaient aux Martiens : fiers, rouges, arrogants et compétiteurs. Mais pas du tout !

Les Jupitériens sont doux, sensibles, prévenants et bienveillants.

Nous ne parlons pas la même langue, nous ne nous ressemblons pas, nous n’avons pas grand-chose en commun, mais malgré cela, ils entrent en communication avec moi, cherchent à échanger, à partager un peu de leurs compétences … (J’allais dire humaine, mais dans ce contexte, cela n’a aucun sens, vu que nous sommes les plus empotés.)

Ils tentent de parler pour m’intégrer, alors qu’ils ne communiquent usuellement que par la pensée. Ils créent de la nourriture pour moi, alors qu’ils ne consomment que du carbone, …

J’ai discuté avec mes hôtes des organisations internationales, des diplomates terrestres qui se battent pour la paix. Eux, ils ne connaissent pas la guerre. Ils gardent tous leurs budgets pour la formation, la création et l’empathie.

J’ai vanté les ONG qui combattent la faim dans le monde, mais je me suis interrompue en visualisant les Terriens « civilisés » qui s’interrogent sur la surproduction et la surconsommation en luttant contre leur surpoids.

J’ai abordé le sujet de l’écologie. Là, nous n’avons rien à nous reprocher : nous trions nos déchets, nous mettons des filtres à particules à nos voitures et nous avons même recyclé nos vieux plastiques en nouveau continent !

Et puis nos chercheurs ont permis de nombreuses avancées technologiques : communiquer avec l’autre bout du monde (bon, ils ont la télépathie, alors j’ai eu du mal à leur expliquer les téléconférences), épargner des millions de vies et de dollars grâce aux industries pharmaceutiques. J’ai omis de leur expliquer les pastilles multicolores qui rendent la population accroc et des centaines d’espèces infertiles.


Finalement, cette petite retraite m’a fait du bien…

Maintenant je sais que les Terriens sont accueillants comme des coffres-forts, alors que d’autres le sont comme des coussins de velours avec affection, musique et nourriture.

Mais même si je sais qu’elle a ses zones d’ombres, ses épines dans le pied, ses brebis galeuses, je ne changerai pas de planète…

Ne serait-ce que pour ne plus me soumettre à la gravité de Jupiter, qui m’offre gracieusement 145 kg supplémentaires !

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