Chronique de Léonnic Asurgi sur Infernale Angélique


Curieusement, il m’a fallu du temps pour remarquer l’oxymore dans le titre, aveuglé par ces malicieuses et judicieuses lettres capitales : j’ai longtemps attendu de croiser Angélique, jusqu’à me rendre à l’évidence, elle ne serait pas au rendez-vous. Infernale pour ses accès d’autodestruction, angélique sans majuscule le reste du temps, Mélanie campe un personnage complexe, dual, héroïque aux tendances bipolaires.

Engoncée à 22 ans dans un quotidien sans saveur mais qui lui permet de payer ses factures et de voler de ses propres ailes, et aussi tiraillée par des sursauts d’ego qui lui rappellent que ses ailes ne la portent pas assez haut.

Mélanie avance dans la vie comme on se cognerait aux parois d’une impasse étroite, en ricochant, titubant, zigzagant ; telle une boule de flipper qui n’en finirait plus de rebondir tout en ne maîtrisant pas sa trajectoire. Alors, pour reprendre son destin en mains, elle progresse en donnant des coups de gouvernail dans tous les sens, tantôt vers le rivage, tantôt vers les grands horizons sans limites ; comme un bateau qui fatalement ferait du surplace. Chez Mélanie, ambitions et résignations rivalisent en abusant de sa détresse, se rendent coup pour coup, combattent de haute lutte en laissant trop peu de place au répit, au bonheur.

Les personnages secondaires portent leur part d’angélisme, à plus d’un titre, mais sont vraiment secondaires tant Mélanie se sent seule et occupe l’espace.

J’ai apprécié le style de l’auteure : riche, soutenu, dense parfois ; avec des passages descriptifs de haute volée qui méritent qu’on s’y attarde (j’aime beaucoup lire lentement, mastiquer les mots, les phrases). Le scénario m’a moins surpris que le style, mais en impose tout de même.

J’ai attendu quelques temps après la lecture pour écrire dessus. Cette attente revêt un intérêt primordial pour moi en tant que lecteur : elle permet de faire maturer ses impressions, de laisser le temps faire son œuvre, de laisser l’œuvre à l’épreuve du temps. Verdict ? A l’image du titre, qui m’a trompé et requiert une deuxième lecture plus attentive, mes premières impressions m’ont dupé : ce texte est long en bouche, le parcours de Mélanie ancre bien l’esprit.

Alors, qu’attendez-vous pour lire ce roman ?

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